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Antoine Grumbach (1942) est un artiste-architecte-urbaniste, diplômé de l’Ecole des Beaux-arts en 1967 et Grand Prix national d’urbanisme et d’art urbain en 1992. Ses réalisations internationales et grands projets architecturaux et urbanistes sont innombrables entre le coursMirabeau d’Aix en Provence, le pont habité de la Tamise à Londres, la restructuration du quartier historique de Shanghai, le Grand Moscou, le tramway de Paris et le Grand Paris « Seine Métropole »... tout autant que son enseignement durant plus de 40 ans dans les Ecoles nationales d’architecture de Paris-La Villette et Belleville, des ponts et chaussées et universités de Harvard, Princeton, Essex et Toronto. Connu comme un réparateur des villes, Antoine Grumbach pense la ville d’une manière continue, infiniment complexe et perpétuellement inachevée, envisageant son développement et son renouvellement sans nécessairement prévoir sa démolition ou son remplacement ; il envisage la modernité non comme une rupture ou une restauration mais plutôt comme un savant tressage imbriqué de passé et d’actualité. Reconnu dans sa pensée essentielle sur l’inachèvement perpétuel des villes et soucieux de la valorisation de l’environnement, la jonction de la Métropole avec le territoire de Nature est portée par son travail de réflexion mené depuis des décennies autour du Grand Paris, puis du Grand Moscou.

Cette réflexion, fondée sur sa longue expérience d’architecte-urbaniste, l’a amené au constat qu’en 2050, la majorité des habitants de la planète vivront dans des métropoles auxquelles il est essentiel d’intégrer d’ores et déjà des territoires de Nature. Ces métropoles étant indissociables de la Terre qui les porte, les terres inertes issues des excavations-constructions d’Ile de France représentent 10 millions de m3 par an (équivalentes à 4 pyramides de Khéops) et constituent un matériau utile pour créer des aménagements paysagers et remédier à la pollution des sols alors que nous évoluons dans l’ère de l’Anthropocène. Ainsi, de
« réparateur des villes », Antoine Grumbach est également un visionnaire dans son regard non seulement des Yeux du Ciel, des Belvédères de Paris ou encore sa réflexion sur la Seine Métropole. De cette pensée, naît le projet de son épouse, la paysagiste Lena Soffer Grumbach et son Axe de lumière, associant la géométrie à la géographie et permettant de s’approprier le paysage de la Seine par des lieux alliant Nature et Culture.

Dans les années 1960, un groupe d’artistes américains s’est identifié autour du concept d’« Earth Art ». Collectivement sensibilisés à la question du « Minimal Art », ils cherchaient  à sortir des galeries d’art pour envisager des créations dans des espaces sauvages, loin de toute vie urbaine. Leur groupe se transforma finalement autour du concept de « Land
Art » où la nature devient à la fois source d’inspiration, matériau et œuvre d’art. Aujourd’hui, en Europe, la question de l’identité des métropoles est à l’ordre du jour. J’ai décidé  d’engager une réflexion sur l’art et la grande échelle qui m’a conduit à revendiquer l’existence d’un « Land Art Métropolitain ». Robert Smithson comme Michael Heizer, Robert Morris et Dennis Oppenheim, entre autres, ont laissé un nombre impressionnant d’œuvres à grande échelle. Cette question de la grande échelle m’a accompagné tout au long de mes travaux d’urbaniste. J’ai eu la chance, avec le Grand Paris, le plan du Grand Moscou, le
métro et le tramway à Paris, d’aborder les questions de l’identité des territoires et celle de la notion de limites de ces formes d’inachèvement perpétuel que sont les métropoles (...) l’importance du volume des terres issues des constructions et des terrassements des métropoles (12 millions de m3 par an en Région parisienne) m’a saisi comme une sorte d’injonction à m’engager sur cette question des terres et des territoires. En 2030, la majorité des habitants de la planète vivront dans des aires métropolitaines (...). Conscient que les métropoles sont indissociables de la terre (earth) qui les porte, j’ai recherché les ressources de terres inertes (10 millions de m3 par an en Région parisienne) pour construire ce projet de Land Art Métropolitain. Parti de la considération que les terres inertes ne sont pas des déblais mais des matériaux, et nourri de l’observation et de la conscience  que les métropoles sont des formes sans limites, j’ai conçu, aux frontières entre urbain et nature, une œuvre discontinue que la croissance urbaine englobera éventuellement. Par ailleurs, l’utilisation de matériaux issus de l’édification de la ville, « les terres inertes », fait de cette intervention une opération vertueuse en matière d’économie circulaire. La réutilisation des terres excavées est également écologiquement valorisée par la biodiversité des plantations qui l’accompagne. Plus rien n’est « déchet », tout est « ressource », et particulièrement les ressources qui appartiennent à la terre.

Antoine Grumbach
Extrait de l’ouvrage La Terre comme matériau, Les Belvédères du Grand Paris, Antoine Grumbach, ECT, 2019, éd. Société ECT

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